Tuesday, November 02, 2010

Un thé comme une symphonie

Harmonie des saveurs, festival de délices, papilles en fête, saveurs raffinées ... sont autant d'expressions françaises qui permettent de décrire un thé doté de bonnes qualités gustatives. Mais toutes ces expressions semblent insuffisantes pour parler de mon Hung Shui Oolong du 20 avril 2010. Je le dégustai cet après-midi tout en écoutant la radio de musique classique de Taipei (99.7 FM), et soudain je remarquai que ce thé se comporte comme une symphonie dans ma bouche.

D'abord, il y a l'odeur de la salle du concert dans la jarre en porcelaine. Elle sent la douce lavande murie et séchée. (Etonnant pour un thé torréfié!) Les bruits d'eau et d'accessoires sont ceux des musiciens qui prennent place.

Les premières notes gaies et légères pénètrent ma bouche. Silence. Un écho sur ma langue se prolonge jusqu'à la gorge. Une chaleur bienfaisante envahit maintenant mon être. Essayons d'analyser ou de saisir tout cela:
- Les notes gaies et fraiches sur la langue sont comme des violons avec quelques trompettes. Il y a un mouvement vers la gorge, plus profond. On dirait du violoncelle.

- Lorsque le thé refroidit un peu, pour la prochaine gorgée, la musique se fait plus douce,

- L'arrière goût n'arrête pas de résonner sur ma langue. Il répète son doux refrain au parfum frais de lavande.

- Le même thème reste présent lors des infusions successives, mais on sent des évolutions. Comme dans de nombreux Hung Shui Oolongs, on retrouve un peu 'les 4 saisons' de Vivaldi. Printemps et été, récolte printanière et torréfaction chaude sont des sensations qui jouent l'une avec l'autre lors des premières infusions: un thé à la fois très vivant de par sa saison et de par son feu encore jeune. Force et liberté des montagne, passion et chaleur de la torréfaction aux braises de charbon. Dans les dernières infusions, le thé murit et s'assagit. Les notes deviennent plus graves, plus lentes, douces et moelleuses. Mais toujours ce même refrain sur ma langue: un parfum et une fraicheur qui n'en finissent pas de résonner.

- Shan Lin Shi se célèbre avec finesse et légerté. Tout est lié, s'enchaine avec grâce et allégresse.

- Chaque coupe par-delà la soif est comme un "Encore, encore!" lancé au maestro (la théière).

- Lorsque je décide de m'arrêter, maintenant, passé minuit, le thé continue sa présence silencieuse en moi.

Ce Hung Shui Oolong de Shan Lin Shi est une symphonie gaie et classique. Elle célèbre la force vitale, endurante et de plus en plus douce jusqu'à la tombée du rideau, voire même au-delà! La vie, quoi!

3 comments:

Philippe de Bordeaux filipek said...

Cher Stéphane,

J'écoute souvent de la Musique avant pendant et après : je baisse, quand il y a la musique de l'eau ou la verse d'un pichet à l'autre:
j'ai eu cette sensation similaire pour ce Thé:


"ON retrouve un peu 'les 4 saisons' de Vivaldi. Printemps et été, récolte printanière et torréfaction chaude sont des sensations qui jouent l'une avec l'autre lors des premières infusions: un thé à la fois très vivant de par sa saison et de par son feu encore jeune."

Superbe billet pour un excellent Thé : complet: comme certains morceaux complets en Musique.

Amicalement .

. PHILIPPE .

TeaMasters said...

Cher Philippe,

Je suis content que tu aies partagé des sensations similaires avec ce thé. Le ressenti de chacun peut varier. Ce ne serait donc pas grave de ne pas retrouver ce que je trouve dans ce thé. L'important reste d'y trouver du plaisir.
Il y a tant de possibilités de le faire varier en fonction de la manière dont on le prépare...

Anonymous said...

Superbe concert, Stéphane !
Les notes résonnent encore en toi, suite à ce dernier ...
Belle partition que nous avons "écoutée" avec plaisir ... Allez ! Elle est facile (!) ... de concert avec toi !
Merci pour ce plaisir partagé.
Il m'arrive, non pas seulement d'écouter de la musique pendant mes dégustations, mais les sons de la nature, comme si je respirais le parfum et la sonorité de l'atmosphère d'une forêt, par exemple. Climat sensoriel propice pour moi, afin de me sentir enveloppée dans un environnement hors cadre citadin, privilégié, pour ouvrir ma respiration intérieure, comme fonctionnelle...